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Interview

12654349_10208403385859367_1386527230801525192_nThéra Joseph, auteur de « Un modèle Éducatif pour l’Afrique aujourd’hui. La philosophie de l’éducation selon John Dewey»

 Dans quel pays habitez-vous ?

Je suis malien. Je  réside actuellement à l’Est du Tchad.

Présentez-nous votre ouvrage ?

Mon livre est une proposition d’un système éducatif pour l’Afrique. Il comprend trois parties.

Je présente le système éducation du philosophe et éducateur américain : John Dewey. Le programme éducatif ne devrait pas instaurer une rupture entre l’école et la vie quotidienne de l’enfant. Il faut plutôt une continuité, faire de l’école une continuité de la vie sociale et familiale pour les enfants.

La deuxième partie du livre fait un rapprochement entre le système éducatif prôné par Dewey et l’initiation africaine. Tout comme la pensée de l’américain, l’initiation vise une intégration progressive de chaque individu dans son être, dans son histoire, dans sa culture et dans son milieu pour en faire un adulte et  un membre de la communauté. Ces deux systèmes éducatifs que j’essaie de comparer ici, il est claire, prônent une éducation humaine, qui aide la personne à atteindre un certain équilibre affectif humain ; à développer son sens de l’initiative, de créativité et de responsabilité en vue d’affronter et de braver les défis de son temps et de l’avenir.

La dernière partie est essentiellement un appel. Donner aux jeunes la chance de faire de leur propre éducation une expérience et une vie, une expérience d’où découle un savoir faire utile à la société. L’enfant qui entre dans un monde complexe a le droit d’y être guidé pour pouvoir s’y situer avec aisance et y exprimer ses potentialités. Il a donc le droit de recevoir une connaissance mieux, un savoir faire approprié pour être lui aussi agent de son existence, responsable conscient du devenir de l’héritage socioculturel de sa nation et de l’humanité                       

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

De Bamako à Kinshasa, du Cameroun au Tchad,  quelques écoles tentent d’offrir aux enfants une éducation de «  qualité » mais à côté, le constat est triste. Des milliers d’écoles sont vouées à la débrouillardise, jouent à l’amateurisme : Des enseignants non qualifiés, absence totale de matériels didactiques et scolaires, la corruption à ciel ouvert…Ce livre est pour moi l’expression d’une conviction personnelle : l’éducation est la meilleure chose que nous pouvons offrir à un enfant. Il s’agit d’une éducation pensée. Celle qui ouvre au développement, car éducation et développement sont inéluctablement liés. L’éducation ne doit pas formé des intellectuels improductifs et stériles. Ma conviction est qu’un Etat qui donne la chance à ses citoyens de s’instruire, qui les aide à acquérir le savoir, le savoir-faire et le savoir vivre ; leur donne les moyens de se réaliser, et de réaliser une existence humaine et épanouie.

  • À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?

Ce livre s’adresse à toutes les personnes qui œuvrent  dans le secteur éducatif. Surtout aux personnes qui, comme moi pensent et croient que l’éducation s’impose à tout homme comme un défi et comme une tâche obligatoire à accomplir. Que l’éducation est un chemin et un passage. Non pas un passage ponctuel, mais continuel, un passage qui s’étend sur toute la vie, l’oriente, l’accompagne et lui donne sens.                                                             

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?

Le message principal de ce livre est un appel. Un appel à reconsidérer l’éducation comme une priorité. Un appel adressé aux éducateurs pour une  réadaptation du système éducatif aux réalités socio-économiques et culturelles du continent africain.

Pourquoi John Dewey et pas un autre théoricien de l’éducation comme Paolo Freire, par exemple ?

Pour quoi le choix de Dewey, j’ai été séduit par sa pensée dès la première fois où j’ai lu son ouvrage intitulé Pédagogues et pédagogie. Il propose une conception pragmatique  de l’éducation qui m’intéresse énormément.

  • Où puisez-vous votre inspiration ?

Mon inspiration a été puisée dans mon travail d’éducateur et de formateur dans le domaine éducatif. Mais aussi de mes études universitaires, notamment mon séminaire sur la philosophie de l’éducation.

  • Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?

Je travaille actuellement sur mon deuxième ouvrage. Si tout marche comme prévue, il sera consacré à certaines questions politiques. Notamment la problématique de l’efficacité de l’action politique et la question du bien commun.

Un dernier mot pour les lecteurs ?

J’aimerais dire à tous mes lecteurs, que le meilleur cadeau à offrir à nos enfants aujourd’hui est l’éducation.

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ça se passe chez moi…

Les bribes du sens: PENSER, AGIR, CONSTRUIRE...

Très souvent, quand vous partez au village ou quand vous avez l’occasion de discuter ou d’échanger avec certaines personnes, surtout celles qui vivent au village ou les citadins aux mentalités villageoises, vous ne pouvez pas vous empêcher d’être surpris par des réponses souvent trop fatalistes et même quelque peu insensées. Insensées, parce que ces réponses « mysticistes » viennent mystifier des phénomènes naturels et même compréhensibles avec une petite volonté d’analyse rationnelle. Très souvent quand vous demandez à certains de ces hommes très peu nantis financièrement et vivant dans des conditions avoisinant la misère, pourquoi ils font autant d’enfants, ou pourquoi ils ne font pas un effort de planning familial, comme le recommande le monde moderne capitaliste, ils vous diront « C’est Dieu qui donne les enfants, on ne peut pas les refuser ». Ou encore au deuil d’un enfant mort de paludisme parceque exposé aux essaims de moustiques depuis sa sortie du ventre maternel…

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Si seulement…

Très souvent, quand vous partez au village ou quand vous avez l’occasion de discuter ou d’échanger avec certaines personnes, surtout celles qui vivent au village ou les citadins aux mentalités villageoises, vous ne pouvez pas vous empêcher d’être surpris par des réponses souvent trop fatalistes et même quelque peu insensées. Insensées, parce que ces réponses « mysticistes » viennent mystifier des phénomènes naturels et même compréhensibles avec une petite volonté d’analyse rationnelle. Très souvent quand vous demandez à certains de ces hommes très peu nantis financièrement et vivant dans des conditions avoisinant la misère, pourquoi ils font autant d’enfants, ou pourquoi ils ne font pas un effort de planning familial, comme le recommande le monde moderne capitaliste, ils vous diront « C’est Dieu qui donne les enfants, on ne peut pas les refuser ». Ou encore au deuil d’un enfant mort de paludisme parceque exposé aux essaims de moustiques depuis sa sortie du ventre maternel, ou mort de malnutrition ils vous répondront : «  C’est Dieu qui a voulu qu’il reparte », «  Ah ! C’était son jour », comprenons par là, qu’il devrait mourir de cette façon, dans ces conditions. C’était écrit dans le grand livre du « Grand Barbu »…A défaut, ils vous réciteront tout simplement ce passage de la Bible : «  Dieu a donné, Dieu a repris, que sa volonté soit faite ».

                                                                             Ah, n’oublions pas l’autre catégorie de personne, qui se réfugie derrière le bouc émissaire de tous. Voila comment cette catégorie voit les choses, analyse les faits et tire ses conclusions : «  c’est le sorcier du village qui a mangé l’enfant », ce sorcier n’est autre que l’oncle, le cousin, la tante ou le frère moins fortuné et encombrant.  Tout cela s’explique, ou a pour explication : l’ignorance, l’obscurantisme, le refus de faire face à l’existence ou tout simplement la fuite de responsabilité. Certains définissent cet homme comme l’ «  HOMO MAGICUS », le magicien, ou encore celui qui voit partout et en tout mystère, divinité et fatalité. La fatalité prise ici comme une force surnaturelle par laquelle tout ce qui arrive est déterminé d’avance, détermination et contrainte irrémédiable.              

          Bref, ce sont ces deux images qui m’interrogent sur l’être humain. La première image nous présente une dame suspendue entre la vie et la mort. Un esprit pessimiste, mais réaliste dirait qu’elle est plus proche de la mort que de la vie. Car, il suffit d’une petite erreur venue de nulle part pour qu’elle se retrouve sous les roues d’une voiture. Peut-être une voiture conduite par un « chauffard », c’est-à-dire un conducteur qui après avoir appris à conduire avec un de ses frères sur un terrain de football du quartier s’est acheté un permis de conduire, au prix de quelques bouteilles de bière, qui sait ?  

                 Ou encore l’image des ces écoliers. Nous sommes le 11 Février 2012, date de la traditionnelle fête de la jeunesse, nous sommes quelque part au village, les routes sont sableuses, boueuses sinon poussiéreuses, il ne suffit pas d’être appelée voiture pour pouvoir circuler sur ces routes, il faut plus ! Ceci étant, l’on se rabat sur les moyens de bord, et voilà qui crée des motos à 06 places. Un danger de mort ? Des tombeaux ouverts ? Non, rien de cela mais une véritable voiture «  Made in village »… La magie du progrès a fabriqué toute sorte d’engins, la magie de la consommation a crée toute sorte d’usage…

                                                                                                                                                                                                                           Théra

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