Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République de la France
Monsieur le Président, j’avais une grande admiration pour vous quand vous étiez en course pour les élections en France au point ou dans mon pays avec un Français de la droite, nous avons failli en arriver à la a main mais avec le temps, mon admiration devient évanescente compte tenu non seulement de votre impopularité en France mais surtout de votre politique en Afrique. Vous proclamiez solennellement et de manière la plus normative possible que vous serez un président normal lors du débat qui vous opposait à Sarkozy, candidat à sa propre succession. Parole peut être naïve d’un candidat qui ne mesurait pas les enjeux de la politique tant dans son action quotidienne que dans sa complexité. Lors du sommet de la Francophonie à Kinshasa quelques mois après votre élection, votre discours à cette occasion était ferme à l’endroit de ceux qui répriment les libertés individuelles et qui ne respectent pas les droits de l’homme. Vous avez à cette occasion précise manifesté une attitude désinvolte face à votre hôte Kabila. Je me disais voilà le vrai Président de la rupture. Vous me rappeliez à l’époque Jean Marie Bokel secrétaire d’Etat qui proclamait le caractère obsolète de la France Afrique. Ce qui bien naturellement lui a couté son poste. Cela montre à suffisance que les dieux de la France-Afrique sont têtus et indéboulonnables. Il y a quelques mois vous condamniez fermement la modification de la constitution au Congo, mais comme véritable caméléon politique et expert en l’art de l’irrationalité vous reconnaissiez le droit de consulter le peuple à Denis Sassou Nguesso. Chose que les Congolais n’ont pas tolérée. Les grands hommes d’Etat sont ceux qui allient l’acte à la parole et dont leurs actions politiques correspondent à leurs discours. Vous aviez dit à votre adversaire Sarkozy, « Moi Président de la République, je ferai de telle sorte que mes paroles correspondent à mes actes ». Parole électoraliste ou bien parole d’authenticité ? Il y a deux mois votre Premier Ministre Manuel Valls lors d’une émission Radio affirmait que l’actuel président Gabonais était mal élu, mais comme la diplomatie rime avec l’hypocrisie comme pour atténuer les colères irrationnelles des griots du pouvoir gabonais, votre Premier Ministre rectifia le tir en vue de la normalisation de vos relations diplomatiques avec le Gabon.
Monsieur le Président, je vous écris pour le Tchad, ma patrie et celle de mes compatriotes qui n’aspirent qu’à une seule chose la paix et la bonne gouvernance. A l’approche de nos élections, où le climat est tendu et délétère, les démons de la guerre sont en train de fourbir leurs armes et la population est terrorisée. Ne nous dites pas que vous êtes en train de cautionner ce qui se passe car tous les ingrédients de la compromission de la paix sont réunis.
Je vous lance un appel à la responsabilité politique et au bon sens moral par rapport aux échéances électorales qui vont se passer au Tchad dans une semaine. Laissez Monsieur le Président le peuple manifester son autonomisation et sa citoyenneté. Tout le monde le sait et c’est un secret de polichinelle que dans des pareilles circonstances vous manifestez du sentiment ou vous prenez position pour tel ou tel autre candidat parce que vous estimez qu’il est le seul capable de garantir votre intérêt politique et économique.
Je voudrais vous dire simplement, nous jeunes de la génération actuelle, nous ne faisons plus bon ménage avec vos manigances et vos complots. Nous croyons en une Afrique démocratique et responsable partant de notre pays le Tchad. Finies les périodes des hommes providentiels, des dictateurs éclairés à la solde de la France. Nous vous demandons simplement d’avoir un peu de la considération au nom du principe des droits de l’homme et des peuples à disposer d’eux-mêmes. Nous voulons être le changement que nous aimerions voir naitre dans notre nation, nous n’avons pas besoin que la France nous impose l’homme de son choix.
Monsieur le Président de la République, si j’avais l’occasion, je vous aurai partagé directement le contenu de cette lettre pour que vous sachiez que ce n’est pas de la velléité infantile qui m’habite mais de l’exaspération de la politique française en Afrique et partant dans mon pays le Tchad.
Par Laurent KEOUL
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